Jean Rameau

Jean Rameau
Jean Rameau, nom d’artiste de Laurent Labaigt (1858-1942), fut un
écrivain landais qui connut une grande notoriété à la fin du 19e siècle et à
la Belle Epoque.

Natif de Gâas dans une famille de petits agriculteurs
propriétaires, cet auteur prolifique fut poète, romancier, conteur et
chroniqueur. Ses talents dépassèrent le champ littéraire. Il fut aussi
pastelliste, une exposition de ses paysages ayant eu lieu à Paris en mars
1893. Sadi Carnot, Président de la république, se rendit à cette exposition
après avoir reçu une invitation en vers du poète. Jean Rameau développa
aussi des dispositions d’architecte et de sculpteur pour l’exécution de sa
plus grande oeuvre d’art, l’aménagement de sa maison du Pourtaou, sise à
Cauneille, et du domaine environnant, où il planta de nombreux arbres et
se lança dans l’entreprise téméraire de l’édification de la Gloriette, temple
à la gloire de la poésie, qui se dresse encore vaillamment sur son Tuc
malgré les outrages du temps.
Son oeuvre poétique fut diffusée dans de multiples journaux et revues,
puis rassemblée au fil des années dans huit recueils : Poèmes fantasques
(1883), La Vie et la Mort (1886), La Chanson des Etoiles (1888), Nature
(1891), Les Féeries (1897), La Lyre Haute (1911), Le Livre Ardent (1924) et
Beauté (1951). Jean Rameau eut un grand succès dans les salons
parisiens. Sa façon de déclamer ses poèmes, étrange et délicate, d’une
excentricité si pénétrante, pleine d’émotion et de sincérité, retint
l’attention du public. Il fut ainsi qualifié de poète mondain.
On recense à ce jour cinquante quatre romans, les trois quart de cette
production ayant été réalisée avant la Grande Guerre. Parmi les titres les
plus connus, on peut citer Moune (1890), qui fur primé par l’Académie
française, la Rose de Grenade (1894), le Coeur de Régine (1896), le
Dernier Bateau (1900), La Jungle de Paris (1903), L’Ami des Montagnes
(1907), Le Fuseau d’Or (1914) et Le Roman du Bonheur (1926).
Ses contes, dont le nombre est estimé à plus d’un millier – même si un
inventaire complet et précis reste à accomplir – furent publiés dans la
presse nationale (Gaulois, Matin, Petit Journal, Journal notamment) et
régionale (Petite Gironde et Petit Marseillais principalement).
En tant que chroniqueur, c’est avant tout dans le Gaulois que parurent ses
articles, et accessoirement dans l’Echo de Paris, Comoedia ou le Journal. Il
jeta un regard de moraliste sur la société de son temps avec sa sensibilité
de poète et d’esthète.
Son oeuvre considérable est avant tout axée sur l’amour, qui sauve de
toutes les épreuves, qui enchante de la vie et sauve de la mort. La quête
du bonheur fut un autre thème central, qui le conduisit à prôner une vie
simple à l’écart de tous les artifices d’une civilisation devenue à son goût
trop avide et matérialiste. Il fut un ambassadeur infatigable de son terroir,
en évoquant longuement les paysages, la culture et les traditions de la
Gascogne. Sa fervente passion pour la nature ressort de l’ensemble de ses
écrits, avec un attachement particulier pour les arbres, les roses et les
montagnes. Il fut un ardent défenseur de la cause animale, regrettant le
comportement trop souvent mesquin et cruel de ses semblables vis-à-vis
des bêtes. Il écrivit sur la gloire et la mode, se gaussant de la futilité de la
vie parisienne.
Comme tant d’autres, il paya un lourd tribut lors de la Grande Guerre.
Jean-Marcel, son fils unique, fut mortellement frappé par un éclat d’obus le
8 août 1916 à Avocourt, près de Verdun. L’écriture de Jean Rameau devint
beaucoup plus sombre, amère et désenchantée. Jean-Marcel Rameau-
Labaigt repose dans le caveau familial au cimetière de Gâas. Jean Rameau
repose quant à lui au pied de sa Gloriette à proximité de sa maison du
Pourtaou, au coeur de cette nature qu’il aimait tant.
Rédacteur : Pierre Coumes (Les Amis de Jean Rameau)